En quelques dates clefs…

1631 | 1670 | 1742 | 1801 | 1805 | 1810 | 1859 | 1912 | 1935 | 1940 | 1944 | 1945 | 1990 | 2023

Pontaniou et Brest, c’est l’histoire – de plus de 350 ans –, parfois tumultueuse, de la justice qui accompagne l’essor d’une ville & d’un port…

Pontaniou à l’origine !

Une première prison militaire pour la Marine royale

1631

Au cœur de sa rade, sur les rives de la Penfeld, Brest abrite déjà un port militaire stratégique de premier plan.

Des centaines d’ouvriers, manœuvres et militaires, s’y côtoient et y travaillent quotidiennement.

Pointe de la Bretagne par Lucas Jansz Waghenaer.
La carte est orientée avec l’Est vers le haut, la rade de Brest se trouve donc dans le quart en haut et à gauche.
1580
Plan des ports et ville de Brest et bourg de Recouvrance
1670

1670

La Marine royale qui administre cet écosystème clos et sécurisé se dote d’une prison maritime à destination des contrevenants tant civils que militaires.

Le bâtiment est implanté dans l’arsenal, au creux de l’anse, en contrebas du site actuel, soigneusement isolé du centre de Brest, qu’il préserve de ses potentielles « nuisances : insalubrité, santé publique, tapages sonores… »

Il prend dès lors le nom de ce vallon de la rive droite de la Penfeld : Pontaniou.

Vue cavalière du port de Brest
Vers 1770

Prison Vs Bagne

Aujourd’hui encore, la confusion persiste autour de la prison militaire de Pontaniou et du bagne de Brest.
Le bagne de Brest fut construit en 1750 sur la rive gauche – en place de l’actuel boulevard Jean Moulin –, pour loger des prisonniers de droit civil condamnés aux travaux forcés.
Il sera détruit en 1944.

Une prison moderne en 1810

La dernière pour la Marine impériale

1742

La première prison est ravagée par un incendie

Un nouveau bâtiment est construit à une centaine de mètres plus profondément dans l’anse.

Le port de Brest vu de la cale de construction attenant au Bureau général
1776

1801

La seconde prison, trop encaissée, s’avère insalubre

Les détenus souffrent de l’humidité et de la mauvaise circulation de l’air.

Le Préfet Maritime Caffarelli, obtient les fonds pour construire une prison « nouvelle génération ».

Louis Marie Joseph, comte de Caffarelli et de l’Empire, dit de Merville
1760-1845

1805

La troisième Pontaniou prendra donc de la hauteur…

Le bâtiment s’élèvera sur les structures d’une ancienne fonderie en intégrant les nouvelles exigences hygiénistes de l’époque.

Dotée d’une exposition naturellement ensoleillée et ventilée, la prison doit incarner l’établissement pénitentiaire moderne, aux conditions d’hygiène et de détention
plus humaines.

Plan relief de Brest avec la nouvelle prison de Pontaniou sur son emplacement actuel.
1807

La nouvelle prison…

Capacité 240 places pour les détenus.
Surface au sol de 37 m x 20 m (740 m2 en rez-de-chaussée), soit quasiment sept fois plus spacieuse que la précédente.
Cellules de 20 m2 pour 8 détenus.
Promenades extérieures et préaux.
Fontaines et « latrines » dans la cour pour la toilette intime lors des promenades.
Pot de chambre dans les cellules.
Moins de promiscuité et meilleure répartition des prisonniers ; dont les mineurs !
Deux quartiers distincts : « petites peines » et « criminels ».

L’architecture, force de dissuasion

Ou comment mettre en scène la puissance de la justice

1805-1810

Le paradoxe de l’architecture pénitentiaire…

La nouvelle prison tout en incarnant l’humanisme de l’époque, doit avant tout se montrer édifiante et « faire peur » !

Murs massifs, portes de cellules monumentales et entièrement cloutées, serrures métalliques gigantesques… Jean-Bernard Tarbé de Vauxclairs, puis Jean-Nicolas Trouille conçoivent ainsi une scénographie inspirant la crainte de la Justice.

Jean-Bernard
Tarbé de Vauxclairs
1767-1842
Jean-Nicolas Trouille
1752-1825

1859

La Prison s’agrandit

Réalisation d’un troisième étage et d’une toiture neuve rythmée par de grandes lucarnes et des cheminées d’appoint diffusant l’air chaud de la cheminée centrale de la cuisine en rez-de-chaussée.

Prison de Pontaniou surplombant le port de Brest.
1907

1912

On n’arrête pas le progrès…

Les infrastructures accompagnent lentement la modernisation de la société.
1912, l’éclairage électrique remplace celui au gaz mis en service en 1874.

1935

Un nouvel incendie

Un incendie détruit l’ensemble des combles et de la toiture. Une reconstruction économique et minimaliste remplace le toit à quatre pans, par une charpente métallique. Deux pignons sobres à redents, enduits de ciment, donnent au bâtiment la silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui.

Le feu débute à 13 h 00. 20 minutes plus tard, les motopompes de la Marine sont déployées, mais la pression est insuffisante pour pomper l’eau de la Penfeld.
Un troisième étage et une toiture à deux pans, avec des pignons crénelés, sont créés.

Les disparus de Pontaniou

Transmettre l’Histoire et la mémoire des héros de la Résistance

1940-1944

19 juin 1940, l’armée allemande investit Brest

La prison de Pontaniou, dédiée aux détenus militaires de la marine et aux ouvriers de l’arsenal, est dès lors utilisée par l’occupant pour enfermer des opposants politiques, des résistants ou des soldats.

Pontaniou sera libérée par les alliés le 19 septembre 1944, après un mois et demi de siège

Une plaque sur le mur de la prison commémore aujourd’hui leur mémoire.

7 août 1944

Alors que les troupes américaines approchent de Gouesnou, 17 résistants de Saint-Pol-de-Léon et de Brest, internés dans la prison de Pontaniou, sont fusillés sur le plateau du Bouguen à Brest. Leurs corps ne furent découverts que 18 ans plus tard.

Ces fusillés dont on ignorait le sort, furent appelés les « non rentrés ». Ils sont maintenant reconnus comme « les disparus de Pontaniou ».

Entre avril et août 1944, une soixantaine d’hommes seront ainsi assassinés par l’occupant allemand.

1945

Le programme de reconstruction de la ville de Brest, dévastée par les bombardements, ne prévoit pas la recréation de la prison du Bouguen qui accueillait jusqu’alors les détenus de droit commun.

Pontaniou devient officiellement la prison civile de Brest en 1952.

L’association Brest-Pontaniou regroupe des passionnés – historiens, photographes, artistes, étudiants mais également voisins, personnes sensibles au lourd passé du bâtiment… –, qui souhaitent préserver
la dimension mémorielle de ce bâtiment, tour à tour fonderie, prison maritime, puis civile…
www.brest-pontaniou.fr

Un pénitencier en héritage

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Pontaniou dans les années 1980

1944-1990

De septembre 1944 à juillet 1952, où le ministère de la Défense cède la prison au ministère de la Justice, Pontaniou reste une prison maritime.

Le bâtiment qui accueille dès lors des prisonniers de droit commun, étant insalubre et classé comme « à désaffecter », les municipalités successives demandent la création d’un nouvel établissement.

Robert Badinter, ministre de la Justice, entérine le projet, et la nouvelle prison de l’Hermitage est ouverte en 1990 après un peu plus de deux ans de chantier.

7 mars 1990

Pontaniou ferme définitivement ses portes, et le 8 mars, la prison de l’Hermitage ouvre les siennes.

Le bâtiment accueillera encore très ponctuellement du public, comme par exemple, lors l’intervention artistique de Paul Bloas en 1991.

1990-2023

Se tourner vers l’avenir

Symbole de trois siècles d’histoire au cœur du paysage d’une ville reconstruite, le projet de reconversion a une densité particulière pour
les habitants.

  • 1997, rachat de la prison par Brest métropole après plus de dix ans de négociations en vue de faciliter le projet d’aménagement pour Recouvrance.
  • L’éventualité d’une destruction totale est vite écartée.
  • Sa réhabilitation doit s’inscrire dans l’opération plus globale de rénovation menée à Recouvrance.
  • L’édifice, libéré de sa vocation carcérale, attend désormais de s’exprimer pleinement.